Au début, ils ont pris en pitié l’oiseau blessé qui gisait sur la plage, entre deux châteaux de sable dans une mare d’écume. ils lui ont apporté des graines et de quoi s’abreuver, une eau douce de ciel, pure comme une cascade. Le temps s’écoulait, les jours filaient et parfois l’on disait : « As-tu nourri l’oiseau ? » et les bienfaiteurs commmencaient à trouver la tâche lourde, elle mangeait une part de leur temps. Une nuit, ils ont noyé l’oiseau, prétendant l’avoir trouvé mort. « emporté par une vague » disait l’un, « puis rejeté sur la grève » disait l’autre Mais la mer, au loin, dessinait sa revanche, furieuse et indomptable, elle affûtait ses vagues et préparait l’assaut, l’oiseau imprimé dans son âme de géante des larmes et des eaux.