Vous dites : — Moise c’est moi ! Je suis le guide ! — Et vous nous prévenez, nous le peuple languide : — Sans moi, c’est le néant ; après moi, le chaos ! Prenez garde ! Arpentez mon chemin sans cahots. — Pour peu, nos myrmidons se proclameraient Dieu ! Mais leurs mots ne sont que blasphèmes compendieux, Et témoignage à charge envers eux, fats damnés Du pouvoir, que l’histoire a déjà condamné. Tremblez, Messires, pendant qu’il en est encore Temps ; le doigt divin, l’index des cieux montre fort Bien vos forfaitures (ces indélicatesses Que la scélératesse de votre noblesse Mesquine n’a de cesse de surconsommer) Et prédit le verdict public qui va sommer Vos longs règnes frêles d’un pinacle funeste : — Mene, mene, tekel — écrit la main céleste ; Le Très-Haut a jugé et vous trouve légers. De toute couronne vous serez allégés : Votre destin puéril d’apprentis Pharaons Tire à sa fin et vous proscrit du Panthéon. Vous êtes Belshazzar au soir de son émoi Et Nebuchadnezzar sur qui l’on s'apitoie. Réveillez-vous de votre mégalomanie ! Arrêtez, marmousets, la hautaine manie De rêver que le pouvoir mute en olympiens Des êtres que la vie a fait lilliputiens. Petits tyrans, c’est vos crimes qui sont épiques : Vos mains basses sapent nos avenirs tragiques, Vos sbires masquent vos plébiscites truqués, Vos cachots font l'écho des libertés traquées. Et vous osez penser qu’Amenophis revit Quand vous levez le sceptre en souverains ravis ! Vous êtes plutôt notre malheureuse croix.