Une rivière écoule ma mémoire, Lentement déshabillée de mes rêves. Il pleut déjà des mots sots sur la grève Et mon âme a eu soif d'un au revoir.
Alors que le ciel se charge de couleuvres, Mon passé étendard flotte au mistral. J'écume les jours en l'art des mains d'œuvres Comme l'artiste met sa vie en roue de métal.
Dilué d'impatience en mon corps libéré, J'annule et je tue les voies d'eau où croupissent Les songes. Je pars anéantir tous mes étés Somnifères dans cet îlot d'eau qui me lisse.
Et l'océan transpire des lettres de vents, Les oubliés de ma chair et de mon sang. Sur mon origine envolée, ma rage s'efface. Emporté par les eaux sur la mer qui fait face.
Sur mon île absorbée de rayons lumineux, Les échos des éthers disparaissent enfin.
Silence! Vous, les oiseaux noirs et grincheux. Silence! J'écoute le chant bleu des dauphins.