J'aperçois là-bas, les marins qui se courbent. Au vent triste des lentes remontées de filet. La houle à leurs récifs, corps allés tant d'années, Sous les ciels purgatoires des eaux sourdes.
Et je vois les marins. Mordus par les vagues Acrobates, qui jaunissent dans la marée d'algue Et de cire. Et j'entends loin des brumes de l'été. Les roulis plein d'écumes à leurs doigts démâtés.
Je ressens la panique de leurs corps déchirés. Sous la fièvre hérétique du métier de vogueur. Arrachant à la mer qui empoissent les marées, Ces poissons frais. L'ancienne part des dragueurs.
Je succombe, comme eux, à leurs charmes encirés. Découvrant dans leurs gestes dépourvus de caresses à l'aube pâle d'un seul jour de langueurs pécheresses Toutes les peurs titanesques à mes songes amarrées.
Je déroule des mots forts aux tempêtes des beaux-forts. Vomissant mes craintes nues sur le quai dépavé, Cramponné à présent telle une épave dépravée, Aux plissements des vagues de leurs corps en effort.
Soudain, mon âme ploie sous le poids des rides. Des matelots de mer. Oubliant les gerçures De mon mal au cœur, je lance, alors, l'écriture Salée de larmes, de mes mots telle une bride.
J'aperçois là-bas, les marins qui se courbent. Au vent triste des lentes remontées de filet. La houle à leurs récifs, corps allés tant d'années, Sous les ciels purgatoires des eaux sourdes.