Quand un voile épais et noir recouvre mes yeux, Que le brouillard descend du mont de mes pensées, Je marche, les pieds nus, dans la forêt cendrée Des poussières flottantes m'étouffent, l'air est vieux.
Entre les chênes vêtus de froides pénombres Se faufile le vent, c'est la haine qui s'accroît, Qui aime siffler et qui fait danser les ombres, Même mes pâles traits se plient à cette voix.
La clairière en deuil perle sa rosée d'argent, Des feuilles d'une ère mourante se pâment Et pèsent sur des tombes oubliées par le temps, L'écueil du monde, c'est le cimetière des âmes.
La rangée de croix grises se perd dans la brume Devant l'une, l'éternité a creusé l'abîme Mon nom y est gravé en lettres d'amertume Je m'y jette, ce qui, soudain, me réanime.