Octobre a effleuré de son doigt la nature Couvrant ses épaules si frêles au matin D'un manteau de brouillard, celui de Saint Martin Qui vient sur ce décor, poser sa signature Et endort le jardin.
Septembre a fait l'appel pour la rentrée des classes Et l'on en est déjà aux pénibles leçons. Pour d'autres, plus âgés, c'est le premier frisson La nostalgie d'été qui doucement trépasse.
L'oiseau devient gibier, adieu sérénité ! La biche est aux abois, le renard à la ruse Le chasseur à Diane, le poète à la Muse Et le jour qui s'effeuille ouvre sa liberté Jusqu'à l'aube diffuse...
La vigne est généreuse et la treille alourdie De fruits gorgés de sucs et de nectar divin Nous promet de remplir la cruche de bon vin. Le culte de Bacchus permet la griserie... Alors, noie, ton chagrin !
L'aurore drapée d'un voile transparent Que le jour indiscret d'un rayon déshabille, Belle dans sa pudeur de pure jeune-fille N'est plus que dentelles de fils d'or et d'argent.
Le chêne et le bouleau vêtus d'ambre et de feu Arborent fièrement leurs atours féériques. Adieu coquelicots et bonjour les colchiques !... Nulle saison je crois, n'éclaire autant mes yeux De flamme poétique !