Le doute du poète.
« Poésie ?!
Expliques-moi. »
Affublée de tes vers, ma douleur déguisée,
Défile sous leurs yeux sans la moindre pudeur.
Comme on vient voir la bête, en cage, exposée,
Tes fervents aimeraient-ils l’agonie du bonheur ?
« S’il te plait !
Réponds-moi. »
Oh triste poésie, perfides euphonies,
Qui en alexandrin embellit mon chagrin !
N’as-tu donc point pitié de ma laide infamie,
Si grossièrement ornée de tes précieux quatrains ?
« Et toi Musique ?!
Dis-moi pourquoi. »
Quand ma joie à tes pieds se traine pour succomber,
Tu pares le macchabée de tes plus beaux atours,
Pour que sur le cadavre, dans tes airs, fagoté,
Ma tristesse acclamée déchaîne ses tambours.
« Je t’en supplie réponds-moi ! »
Oh sinistre musique, dissonantes harmonies,
Qui masque mon effroi de ses notes en refrain !
N’éprouves-tu point de honte étreinte par le matin,
Quand la supercherie, au grand jour, s'évanouit ?
« Ne voyez-vous donc pas ?! »
Que tous vos ornements et vos belles parures,
Qu’ils dévorent goulûment, oh macabre festin,
Ne peuvent accommoder si fade déconfiture,
Qu’ils vomiront bientôt, oh frêles intestins !
« Pourquoi ne me répondez-vous pas ?!! »
Vous aurez beau farder l’horreur, et ce en vain,
Travestir l’odieux afin qu’il soit divin,
Oh sordide alchimie, biscornue diablerie,
A votre duperie, mon malheur, lui, survit.