Gisant dans la corbeille ma tête n’a plus de corps Elle n’entonnera plus les Chants de Maldoror Tout juste pourra-t-elle cracher quelque glaviot A la gueule du bourreau et au pied du billot
Ma tête tourneboule dans ces gargouilles rouges Digérée par ces gueules mal accouchées au gouge Des entrailles d’une vierge et d’un autodafé Elle avale les prières des grenouilles assoiffées
Ma tête a le tournis le dégoût des gouttières Qui prennent les bénitiers pour une pissotière Elle est toute jaunie par l’urine fumante Qui empeste l’autel des absides de Bramante
Ma tête se délite de la putréfaction Des vapeurs qui la mènent vers la tuméfaction L’angélus qui bourdonne gélatine ma cervelle Où s’abreuvent les rats que vomit Machiavel
Ma tête s’évapore en poussière de temps Par le sablier noir des mémoires de Satan S’étranglant au passage des enfants mal aimés Qui abusent d’un dieu ceint d’un étau diadémé
Ma tête enfin n’est plus qu’une tête de mort Elle se gorge des effluves de Sodome et Gomorrhe Qui naissent de la bave des vers tirés du nez Ma tête n’est plus qu’un crâne au charme suranné