Pour composer cette ballade, J'ai fait de mon âme un volcan, Remis mon voyage aux Cyclades. Je me suis mordue jusqu'au sang, J'ai jeté mes sonnets aux vents, Souri à ces strophes de glaise, Des huitains au rythme glissant. Pourvu que ma chanson vous plaise !
J'ai déjoué les embuscades, Brûlé comme Jeanne à Rouen. J'ai dû donner la sérénade Pour la bête du Gévaudan. J'ai asséché l'eau d'un étang, Transformé de la glace en braise, Fait naître un jardin d'un torrent. Pourvu que ma chanson vous plaise !
J'ai dû affûter mes tirades, Accepter tous les reniements. Mon Dieu, que de journées maussades À injurier mon écran blanc ! J'ai même oublié le printemps Pour terminer cette fadaise, Un poème à contre-courant. Pourvu que ma chanson vous plaise !
Poètes, fuyez le carcan Des vieilles ballades françaises. J'ai succombé à ce tyran. Pourvu que ma chanson vous plaise !