Dans la salle enfumée du troquet, où s’entasse Un chapelet bruyant d’anonymes buveurs, L’étranger, affublé d’un masque de froideur, Détourne le regard des couples qui s’embrassent.
Insensible aux poupées qui mirent dans les glaces Leur délicieux minois prompt à briser les cœurs, Il noie son désespoir dans un flot de liqueur, En priant pour qu’un jour, ses souvenirs s’effacent.
Devant son verre vide, en solo, il repasse Son amante envolée, pendant que sa carcasse Se replie tristement sur son nid de douleur.
Sitôt que le soleil se pose sur la face Des clients pétrifiés dans une aigre torpeur, L’inconnu s’évanouit dans un rêve enchanteur.