Quand la ville s’éteint dans le berceau du soir, La belle ténébreuse, en solitaire, arpente Les quartiers silencieux où sa grâce insolente Exalte la fureur des reines du trottoir.
Sur la place déserte où s’acharne à pleuvoir Une averse glacée dont les gouttes luisantes Forment en son esprit une antienne démente, La fille sent monter l’odeur du désespoir.
Dès qu’un puant ivrogne aux prunelles brillantes Effleure son poignet d’une main suppliante, Elle abat le gêneur en deux coups de rasoir.
Sitôt que le soleil darde une gerbe ardente De rayons pourfendeurs de ses délires noirs, La rebelle s’endort sur le bord d’un comptoir.