Je suis le très herbeux, le castré du Poitou. Avant de trépasser, je me remplis la panse Pour donner aux gourmands des quatre coins de France L’envie de me plonger dans un brûlant faitout.
Aussi inoffensif qu’un élégant matou, Je prie qu’un éleveur me donne un pré immense Au lieu de m’envoyer finir mon existence Dans une assiette ornée de moelleux mange-tout.
Je rumine ma peine au fond de mon étable En rêvant qu’un fermier, devenu charitable, Me délivre soudain de mon cruel destin.
En prévision du jour où une main cupide Me tranchera en steaks, je mange du crottin Pour gâcher vos repas de mon odeur putride.