Ce soir, la lune frêle émet sur la fontaine De timides rayons qui reflètent l’ennui De la place endormie où je traîne aujourd’hui Ma carcasse assombrie par ma secrète peine.
Pour éteindre le feu des souvenirs obscènes Dont l’écho ténébreux, sans répit, me poursuit, Je les jette en pleurant aux spectres de la nuit, Sournoisement tapis sur les quais de la Seine.
La fenêtre éclairée d’un chatoyant salon Répand sur mes pensées les accords d’un violon, Dont l’amère tristesse exalte ma souffrance.
Sitôt qu’un carillon entonne un chant d’airain, Qui martèle mon cœur du poids de ton absence, Vaincue, je m’abandonne aux griffes du chagrin.