J’ai tué mon enfance à coups de « Notre Père » Lourdement ressassés dans les dortoirs ombreux Où se fanait la croix d’un Jésus poussiéreux, Inapte à racheter nos mensonges polaires.
J’ai mangé le pain noir tartiné de misère Des pensionnats bardés de surveillants affreux, Empressés d’étouffer les rebelles au creux De la main d’un Seigneur au visage sévère.
J’ai trompé mon ennui dans mes rêves fiévreux, Journellement trahis par mon esprit peureux, Brisé par des années de litanies amères.
J’éconduis désormais d’un rire vigoureux Les prophètes bavards, afin de me soustraire Au perfide poison de leurs fumeux mystères.