La rose solitaire à la robe d’opale Se fane doucement à l’approche du soir Dont les ombres ténues dansent dans le miroir Qui dresse froidement son silencieux ovale.
Dans le vase élancé dont l’eau croupie exhale Des relents écœurants, lourds de présages noirs, La corolle flétrie à regret laisse choir Un morne bataillon de moribonds pétales.
Sur la tige vêtue d’un frêle manteau vert, La coquette vaincue s’enfonce dans l’hiver De sa vie éphémère à l’issue infrangible.
Quand le soleil couchant abandonne son corps, La rose desséchée entend les cris horribles Du sanglant sécateur venu hâter sa mort.