Au mépris de la neige étouffant la cité Sous un voile poisseux de chagrin monotone, Où meurt le souvenir des derniers jours d’automne, Le musicien des rues continue à chanter.
Sur le trottoir bondé de cadres cravatés, Il gomme la grisaille au son d’un saxophone Dont les accords radieux, jusqu’au ciel, tourbillonnent En concerto d’espoir au parfum de l’été.
Il entonne des airs dont les échos résonnent Dans le cœur insouciant de jeunes amazones Au regard prometteur d’ardentes voluptés.
Il égaie les clochards, que l’hiver emprisonne Dans un ennui glacé, lourd d’inhumanité, Par la vibrante ardeur de ses chants indomptés.