Je déplore aujourd’hui l’atroce trahison Du premier compagnon de ma radieuse enfance, Infatigable ami de mon adolescence, Zélé à m’enivrer de ses gaies floraisons.
Sombrement enfermée dans la froide prison De ma carcasse usée, lourde de défaillances, Je titube en solo vers le puits de silence De mes désirs entrés dans leur morte saison.
Drapée dans le linceul de ma désespérance, J’affronte les poignards de mes douleurs immenses Dont la putride armée éteint mon horizon.
Sur mon corps épuisé par d’âpres déchéances, Le fleuve des années déverse un noir poison Dont la froideur écrit ma funèbre oraison.