Je suis si vieux, l’ami, que j’ai connu la Terre À l’époque bénie où les maîtres des cieux Protégeaient l’univers de l’orgueil pernicieux Des humains acharnés à semer la misère.
Je suis si vieux, sais-tu, que j’ai vu le calvaire De peuples décimés par des combats odieux, Menés par des armées dont les soldats vicieux Torturaient sans raison les prisonniers de guerre.
Je suis si vieux, crois-moi, que j’ai parlé aux dieux Décidés à punir les mortels prétentieux En noyant l’univers sous une pluie polaire.
Je suis calme aujourd’hui face au funeste épieu Que l’ange du néant plonge dans mes viscères Pour chasser le mépris de ma conscience amère.