Perché dans un immeuble encombré de raseurs Qui boudent l’escalier dégoulinant de crasse, Je m’use à les servir, sans qu’aucun ne me fasse Le moindre compliment sur ma calme vigueur.
J’accueille aimablement des gosses chahuteurs Qui marquent leur mépris en crachant sur ma glace, Si bien que les bourgeois affichent des grimaces Assorties de laïus qui me brisent le cœur.
Lorsque, dans mon abri, des amoureux s’embrassent, J’essaie de prolonger leur délice fugace En drapant leur trajet d’une exquise lenteur.
De l’aube à la nuit noire, au creux de ma carcasse, Je reçois quantité d’étonnants visiteurs Que je mène à bon port en vaillant ascenseur.