Dans la foule agitée de la fête foraine, Je marche en solitaire, agacée par les pleurs D’un gamin effrayé par un géant moqueur Au visage souillé de taches de gangrène.
Rebelle à la gaieté de la fin de semaine, Je me laisse envahir par la sourde froideur Du regard venimeux que me lance un tireur Appliqué à gagner une peluche en laine.
Sur le manège en bois, des enfants batailleurs Refont le monde au fil de galops enchanteurs, Sous l’œil noir d’un nabot à l’énorme bedaine.
Devant l’estrade ornée de vivantes horreurs Aux faces torturées, les rires se déchaînent Pendant qu’épouvantée, je cours à perdre haleine.