Après la vague de chaleur L'aube est molle, grise, avachie Le ciel immense, indifférent, Plombé de nuages de pluie Recèle des oiseaux lointains Qui tourbillonnent en sa paresse.
Après la vague de chaleur Le monde ressemble à un fruit, Un agrume dont on aurait Pressé tout le jus, tout le suc.
L'aube se tait, et n'ose plus Esquisser un seul mouvement, Crayeuse, flasque et hébétée, Elle attend, Elle s'assoupit, Son silence est religieux En même temps que Fatigué.
Les fenêtres laissent passer L'air frais Sans y croire vraiment De si bon matin Elles béent Comme des gueules De poissons échoués, sur le point de Mourir
Les passereaux investissent L'air de vagues de pépiements Qui se fracassent sans entrain Contre l'instant Convalescent Et sa dérive Pantelante.
Les chats, quant à eux, Assomés Exhalent des miaulements courts, Plaintifs, avant de s'aplatir Contre la pâleur du pavé pour s'abîmer dans un sommeil Qu'aucun appel Ne brisera.