Au matin L'espace s'éploie, Il s'ouvre, s'élargit, s'épand, Il ne pense qu'à Galoper, Se diluer Dans l'infini. Tout autour de moi, je le sens, Je sens sa transparence qui S'étire sans discontinuer, Sans qu'on puisse La retenir. Au matin L'air n'a quasiment Pas de matérialité; Il ressemble à du verre absent, Rèche et transpercé de soleil. La distance a creusé son puits, Sa faille, Son dépouillement, Elle a sculpté l'éloignement Des choses repoussées au loin. Son souffle a déblayé, Oeuvré Pour que le seul froid miroitant Occuppe le terrain désert Aux vastes segments élargis. Au matin, C'est étrange, mais Chaque objet qui s'offre à la vue Semble avoir été déplacé, Déporté, Placé en exil. Au matin, c'est étrange, mais Chaque objet : arbre, azur ou murs A dérivé comme l'ont fait Blocs erratiques Ou continents. Chaque objet Campe là, tout seul, Esseulé Presque démuni Résigné à L'isolement, A l'aura de froidure Nue.