Chaleur fourmillante et griffue Exaspérée autour de vous
Chaleur poisseuse De la rue, Pleine D’inhospitalité.
On se fraye un chemin dedans Tout comme si elle n’était Qu’un fluide visqueux, résineux Résistant aux poussées du corps.
Marcher dehors, sur le trottoir Gras, à vrai dire, n’est plus marcher Mais, plutôt, fendre l’épaisseur Ramassée, la lave de l’air.
Cette dernière veut toujours Se refermer sur votre chair Sur votre corps Dont, on dirait, Le désir de marcher L’irrite.
A sa marche, elle oppose son Inertie hostile, hérissée De mille et un crochets pointus Qui s’abattent, agrippent La peau.
Se mouvoir paraît devenu Crime de lèse-majesté, Offense faite à son pouvoir, à son emprise sans rivale.
On croirait qu’elle va Durcir Pour emprisonner votre corps Dans une gangue sans merci Comme faisait l’ambre, autrefois, Dans les temps les plus reculés Avec les insectes surpris Puis enfermés Dedans son suc.
La chaleur moite est tout autour De votre chair, telle un corset, On voudrait se débarrasser D’une ruade, de son poids, De son crépitement touffu Qui ne veut pas se résoudre à Cesser d’asticoter la peau Pareil à des milliers de taons Imbibés d’électricité.
La chaleur Mûre, saturée : Rixe de particules qui Sont à l’étroit dans leur essaim