Comment vivre Sans ce trop-plein d’étonnement ? Sans ce regard qui se lève aux couleurs de l’aube Et qui interroge déjà présent, futur Comme un petit enfant se dressant sur ses jambes ?
Comment vivre Sans se préparer au néant, Sans s’écarquiller Dans l’attente du silence ?
Comment vivre autrement que dressé face à ça, Face à ce tsunami qu’est l’espace tendu Jusqu’au coup d’arrêt que l’horizon Représente ?
Comment ne pas haleter dans la nuit des nuits, Dans le jour des jours Et dans l’instant des instants ?
Comment vivre Sans l’hébétude de ce corps, Ce corps à l’épaisseur de maison de papier Ce corps assailli traversé de part en part Par sa propre réalité qui le transcende ?
Comment vivre en arrachant à pleines poignées Les dépôts de cendre accumulés sur ce corps De pierre ponce dont ils constituent la sueur, La sécrétion après tant de nuits consumées ? Comment faire autre chose qu’hanter L’irréel L’irréel vert comme des yeux de lémurien L’irréel, à l’intersection de tous les vents Et de tous les vacillements Qui nous traversent ?