J'irai, dans le fouillis des villes Endimmanchées de crépuscule, Je hanterai les clairs-obscurs Et, sur ta trace suggérée Comme un guet au milieu de l'eau Je zigzaguerai, faufilée. D'un coup d'épaule - et puis Voilà ! - je claudiquerai dans les rues Où le vent siffle les pavés Gras, huileux comme crapauds nus, Je contournerai Les tréteaux, La pluie m'escortera tout en Sillonnant les reflets massés,bousculés dedans les vitrines, Je ferai mon chemin dans le Désordre bosselé des villes Où les forces contraires affluent Et se tamponnent Avec fureur, Je forcerai mon passage en Les escaliers interstitiels, Les colimaçons incertains Jusqu'aux verrières ambrées Qui maculent d'or La poussière; Je traverserai les planchers, je glisserai sur leur glacis, Ils se gondoleront sous moi Aussi vides que Des déserts, Ils me conduiront à un souk Où les paupières brilleront à l'intérieur des alvéoles Et de leur plongée dans la nuit de mascara tonitruant. Tout m'orientera vers L'envers, Vers la tyrannie de l'envers à l'opposé des directions Où je désirerais aller; Ce sera, en somme, un voyage Qui n'en sera pourtant pas un; En travers de l'air scintillant Comme une queue de voie lactée Les paillettes en suspension Lanceront mille et un clins d'oeil, La rue ne sera qu'un chaos De très grand vacarme abrasif, Les murs aussi épais que du Papier crépon nous défendront Bien mal de cet amas de rues Sans repères d'orientation Où les affiches déchirées, Déchiquetées par le vent vert Nauséabond et paresseux Rejoindront le hamac Du ciel.