L'expulsion hors du sommeil
A l’affût dans l’ombre dorée
L’éveil pâteux, marécageux…
La matière, encore pliée,
Fripée, chiffonnée, engourdie
Tâtonne, hésite, envasée là
Comme argile
Mal dégrossie ;
Peu à peu, elle reconstruit,
Se réapproprie l’idée, le
Souvenir, la perception
Encore gauche, toujours gauchie
De la forme, des contours
Siens
Mais il lui faut
Beaucoup de temps,
Elle émerge, elle bouge un peu,
Elle grogne
Dans le vide sourd,
Elle tâtonne, pour briser
Sa fusion
Avec le lit,
Avec la pénombre embusquée
Qui adhère, telle une glu.
Mais le limon de l’ombre
Tient
Bon, rechigne à la libérer,
L’étreint, la maintient engourdie
Regroupée en paquets obscurs.
Elle ne sait trop, à dire
Vrai, à proprement parler, si
Elle veut émerger
Vraiment,
Elle n’a pas vraiment
Choisi
Arrêté
Le parti à prendre.
Car, après tout, allez savoir
S’il ne vaut pas mieux
Continuer
à mariner, et à croupir
Sans forme, à l’abri au dedans
D’un monde où tout est réuni,
Concentré
Dans le même pain
De plénitude, d’épaisseur,
De refus obtus
De trancher ?