Cette odeur, qui jaillit dans l’air Avec l’élan d’une explosion ! C’est celle qu’émet la pluie Drue, verticale, qui s’abat. Elle fourmille, parfumée, Encombrée d’un parfum si franc, Si dense et si déterminé Qu’on garde la fenêtre ouverte Et qu’on se penche, même s’il Faut affronter les postillons Que crache l’averse, et le poids De ses javelots lourds, épais Qui vont se planter dans le sol ; C’est qu’on ferait n’importe quoi Pour humer, pour s’emplir de ce Puissant, étourdissant parfum Digne des fleurs les plus précieuses. Et il se met à embaumer, Il s’ancre Et il s’approfondit, Il devient si envahissant, Si violemment capiteux Qu’on aimerait le capturer Mais hélas, il est fulgurant ! Après s’être lancé dans l’air Tel un phéromone insistant Marquant le début de l’ondée Féroce et violente joie, Il s’affaisse, On le sent moins noir, Moins présent et moins séducteur : Il faut profiter du moment Si bref, si indéfinissable !