Par delà le rideau de cet aimable bleu Qui semble droit surgi d’une joue d’enfant sage Il faut voir, il faut voir l’algue se hérisser, Les macules s’abattre en une courte pluie Qui repousse les murs de papier sénescents. Chaque chute oblique est arrachée à la chair. Chaque sifflement de météore est vibrant. Les linéarités giflent et scarifient Et se mettent en travers des lampes, plats lichens, Dont ils veulent casser la volonté amorphe. Quelque chose se trame et prend forme à l’arrière. La bataille fait rage entre couleurs et lignes. Les couleurs sont saisies de mégalomanie. Mais les javelots des lignes les reconnaissent, Les identifient et se fichent de leur viande. On dirait que couleurs, lignes tombent du ciel. Les couleurs voudraient recouvrer leur liberté. C’est pour cela que l’indolence planctonienne du vert Vogue et, ce faisant, indispose le bleu, plus mobile, Plus prompt aussi à se survolter en geysers, Qui finissent toujours par retomber. Et les couleurs Sont traversées, sont pourfendues. Quoi qu’elles n’en aient cure. Elles résistent au mouvement, à l’averse abrupte des lignes, à l’offensive glacialement minérale, Aux projections qui se transforment en veines, En réseaux de veines effilées et pointues. Je regarde les veines étroites et vrillées, je contemple Leur brutalité d’encre bleue. Je contemple leur abstraction qui s’abat : Elles sont dessinées comme filons de roches. Et le blanc polaire joue à les séparer, Afin qu’elles le laissent tinter tout à son aise.