Sans nom. Survivant dans le mutisme de l’œil. Brisé Par la stridence de la vie, je suis debout, Comme un peuplier austral. Pour l’instant, je me dresse contre les falaises du néant. Evoluant comme une pierre sans patrie. Maudit. Enveloppé d’insultes et prêt à pardonner le bruit De la pluie tombant sur l’eau.
La terre tremble sous mes pieds d’argile. Je bouge mes bras. Je respire. Il est temps de construire des ponts, des sentiers, Des passages. Tu es nulle part. Nous devons reconstruire ces murs.
Le brouillard, comme une vague obscure nous emporte. Aucun mot. Aucun visage pour annoncer le jour. Et ta colère féroce sous une comète de jade.
Rues absentes. Odeur de poêle qui suinte dans ta mémoire d’enfant. Les arbres sont brisés dans une forêt innommable. Tu chantes donc, le rien. Le squelette de la feuille. Le silence.
Les maisons sont vides comme un gant endormi. Il faut admettre que la vie n’est pas partout souveraine. Bâtir un mur en papier comme on construit une maison. Seule la parole est importante. Seul le geste est nécessaire. La paupière ouverte. La main tendue. L’espoir.
La joie est un dilemme lorsque nous découvrons le jour. Le criminel s’en va. Son ombre passe, ancrée en nous, amoindrie, inaccessible. Sur les ruines du néant, l’herbe pousse. Et se faufile à travers nos yeux, L’ombre. C’est la fin. Egorgés, les hommes meurent encore. La ville disparaît. Nous devrons nous souvenir.
Je reviens vers toi, à travers cette déchirure sans fin. Ton visage sourit lorsque je touche ces cendres. Dans la plaie de ta voix disparaît l’orage. Sur ces murs fissurés nous bâtirons une ville.