Il faut toute une vie à l’enfant Du ventre de la mer aux pensées de ses pairs Le reste est longue absence toute emplie d’ignorance Pour faire durer le temps et faire du vent des bulles Pour imiter la vague se brisant sur le sable Et noyant dans l’écume les souvenirs trop fades En tourbillons d’oublis aux relents de lavasse
Il faut tout une vie à l’enfant Pour découvrir l’enfant qui dormait dans les dunes Et courrait sous le vent balançant à l’envie Son étrange cerf-volant en riant de la vie Et des propos gênants qu’on épingle à son dos Comme les plumes d’un serpent qui durcissent par le temps Les écailles du tourment aux rictus inquiétants Que filochent l’insouciance et toutes indifférences
Il faut toute sa vie à l’enfant Pour oublier le temps qui l’efface doucement En révélant le drame de sa trouble existence Pour apprendre que la vie c’est attente et oubli Des espoirs aux soupirs aux larmes de plaisirs de lumière ou Et savoir qu’abondance n’est plus père d’abandon Quand lui l’ultime étoile de dérision Au firmament du temps des loups au ventre goitre et blet
Il faut plus qu’une vie à l’enfant Pour oublier la mer qui l’attire et l’enserre Lui fait danser la tête pour quitter cet enfer Et partir à la fête Lui faire couler ses rêves en lui tétant sa vie Et le jeter encore sur cette terre de l’exil Qui l’adore et le tue sans remords
Il faut toute une vie à l’enfant Pour retrouver l’absence ou est parti son père Et partir à la guerre y déposer ses fruits Et partir à l’envers et déposer sa vie