Quitter la plaine et ses torrents de haine Quitter les larmes et la fureur Quitter l’erreur la vanité la rancœur Quitter la bête ignare au souffle sclérosant Quitter la scène ses projecteurs ses troubles et ses humeurs Quitter la stupeur la turpitude du nombre Quitter leurs certitudes leur puanteur leur pourrissement Quitter le monde de tous ces généreux donateurs Quitter les savoirs savoyants et les propos prêts à porter Quitter les orages de pétards mouillés Quitter leurs drames trop sûr leurs farces trop matures Quitter leur barrières leurs barricades leurs têtes embariqu
Et être quitte
Avancer dans la brume du matin naissant De l’air glacé la feuille givrée Des premières perles de rosée Avancer vers le soleil qui vient sans s’annoncer Avancer vers les rochers roc des forces véritables Avancer dans le mystère de l’eau qui sourd en rigolant Avancer vers l’oiseau qui s’éveille en s’ébrouant Avancer vers l’enfant qu’on était et qu’on retrouve en folât Avancer des deux pieds dans l’herbe dure et rassurante Taper dans les pierres et courir sous le bois mouillé Sourire de lumière et fierté d’un émoi Source de l’être et voir le sanglier te regarder pour la pre Et voir dans ses yeux ronds y voir comme en son âme Y voir souffrir encore une fois ton frère partir Abandonner les rêves et les pays d’oubli Quitter la vie quitter l’éveil Et voir les larmes et la fureur Te tirer vers la plaine et ses torrents de haine Et voir ton frère mourir