Je pousse de la main le grinçant portillon Et mon pas vient crisser sur le gravier brunâtre. Un stratus endeuillé par un noir cotillon Délave la lumière en un voile blanchâtre.
Le cyprès verdoyant en gardien sourcilleux Me pose sur le corps ses ténèbres glacées. L’aquilon fait valser en bruissements soyeux Les feuilles de l’automne aux faces enlacées.
Je porte dans mes bras des roses Baccarat Que je sers sur mon cœur en remontant l’allée. Leur parfum raffiné touchant ton odorat Devrait te rappeler ta cour ensoleillée.
Je viens pour t’avouer tout ce que je ne pus Te dire au temps passé par fierté masculine ; Des sentiments profonds que le temps n’a rompus Et restant agrippés à mon âme orpheline.
Me voici devant toi, gémissant ton départ. Mère, voici ton fils à qui la tâche incombe De te dire tout l’amour dont il ne t’a fait part. En prélude reçois mes roses sur ta tombe.