Ne touchez point l’argent qui rebondit ma bourse ! Ne le respirez pas ! De peur de le priver De cette exhalaison qui s’en vient aviver Ma pépie incessante au débit de sa source.
Nul besoin d’acheter redingote ou sarrau Quand l’hiver me refait un visage de plâtre, Ni de faire flamber mes sous au fond de l’âtre ; Je prends au chien son plaid, lui laissant le carreau.
Un noyau d’abricot qu’un bouillon maigre arrose Me fait banquet peu cher du matin jusqu’au soir. Il n’est besoin ainsi de toucher le poussoir De mon porte-monnaie atteint par la sclérose.
Quand je vois tous ces fous dilapider l’argent Pour remplir estomacs, gosiers de pique-assiettes Au nom d’une amitié faisant ramasse-miettes. Je nourris cette engeance avec fort détergent !
Quant à cette manie ancrée au fond de l’homme De mettre dans son lit une femelle en rut Pour assouvir sa faim de mâle à l’état brut, Elle coûte, mazette ! Une coquette somme.
Si vous saviez les sous qu’il faut à l’entretien, En dessous puis en fards, de telle créature Qui crée à chaque hymen l’état de dictature En imposant l’impôt pour l’accès au pubien.
Que nenni, pas de ça, je garde mon pactole Et ne veux de l’émoi qu’en caressant mon or, Le seul péché charnel qu’aucun confiteor Ne peut me préserver devant une pistole.
Ah ! L’argent, rien que lui, mon idole et mon dieu ! Auquel j’ai consacré mes efforts et ma vie Sans jamais arriver à tarir cette envie De lui dire bonjour et surtout pas adieu !