Alors chère voisine à ce que l’on m’a dit Ce fils qu’a mal tourné, celui qu’on a maudit, La justice l’enchaîne. Il est vrai qu’il fut loin d’être un bon angelot Et vous a fait verser bien souvent un sanglot Au débit de fontaine.
Faut voir que ce rêveur, chasseur de papillons, S’est éloigné très tôt de vos blancs cotillons, Sans esprit de famille. Il est allé par monts, il est allé par vaux, Ne trouvant ses amis qu’au fond des caniveaux Où le maraud fourmille.
Après quoi, quel toupet ! il a conduit son clan À travers le pays. Parlant, gesticulant, Devant la populace. Il voulait renverser l’ordre et l’autorité. Mais pourquoi portait-il pareille absurdité Au fond de sa besace ?
Non content des discours, les braves commerçants Durent subir de lui des gestes menaçants Jusque dans la boutique. Renversant les étals, bousculant les vendeurs Il vint, les insultant, les traiter de voleurs En semant la panique.
L’affaire est terminée, il est sous les verrous. Je ne donne pas cher pour les autres voyous, Tous ses affreux complices. Force reste à la loi, le calme est revenu Le fils agitateur n’est plus qu’un prévenu Dont l’âme est aux supplices.
Mais oui chère voisine il faut quelques leçons Dont pourront s’inspirer chacun de nos garçons Pour garder leur droiture. Avec un châtiment adapté aux méfaits L’exemple servira pour les insatisfaits Tentés par l’aventure.
Nous pensons bien à vous et à votre mari Qui doit être navré qu’un tel charivari Vous froisse et vous excède. Ce brave charpentier ne méritait pas ça Pas plus que vous, Marie : enfanter un forçat ! Que Dieu vous vienne en aide.