Veilleuse de nos nuits dans le triste silence, Tu glisses sur la voûte en ton blanc cotillon ; Pendule sans aiguille et point de carillon Ta course dans le noir marque la somnolence.
Tu fus la Séléné d’un culte d’autrefois Et centre de récits composant des légendes Venant de ces mortels te mettant des offrandes Sur des autels païens chargés de mille fois.
Tu poses sur les mers ton œil blanc hypnotique Pour remuer les eaux dans de longs mouvements Qui meurent sur la grève au fil des sentiments Que t’inspire parfois ton esprit lunatique.
Quand par un coup de foudre apparut dans le ciel L’anneau vient réunir une ardeur amoureuse, Alors que tu sois ronde ou bien encor gibbeuse Tu revêts pour l’amour ta mantille de miel.
Quand le char d’Hélios tire l’astre suprême Pour éclairer le monde au feu de son brûlot Tu dévoiles ton corps dans un troublant halo, Pour afficher sans fard ta face de carême.
Lorsque la nuit d’hiver transit le pénitent Sur la route menant à la miséricorde, Tu lances ton rayon qui doucement l’aborde Pour montrer à ses pas le vieux chemin d’antan.
Au crépuscule fauve, abordant la colline, Tu suspends au daleau ton croissant lumineux Duquel monte le son du refrain langoureux De Pierrot implorant le cœur de Colombine.