Il opère de nuit, le suppôt de Mercure, En entrant chez les gens plongés dans le sommeil Pour vider des tiroirs tout l’ocre et le vermeil Qu’il enfouit dans le fond d’une besace obscure.
Ses pas sont de velours pareils à ceux du chat Et son doigt sait agir mieux que celui d’un singe Pour dégrafer sans mal la broche sur un linge Ou bien pour crocheter la malle en galuchat.
Quant à son œil d’aiglon se riant des ténèbres Il guide habilement la main dans l’indistinct Pour saisir à loisirs ses désirs de butin Composé de bijoux ou de toiles célèbres.
Il n’emporte jamais un quelconque remord D’avoir pillé le bien acquis par mille peines Par des gens qui se sont saignés aux quatre veines Pour laisser aux enfants un legs après leur mort.
Quand parfois les archers arrêtent le compère Pour qu’il réponde au box de ses nombreux larcins, Mercure appuie alors ses bouts de doigts malsains Sur l’aveugle balance… et le juge obtempère !