A l’ombre d’un géant je dormais étendu Sur un lit de fougères, dans un bois inconnu Planté de chênes vert aux rameaux généreux Et de vieux châtaigniers aux élans ténébreux
J’errais depuis dix jours me nourrissant de nèfles De glands, de champignons ou de fleurs de trèfles. Parfois une perdrix ou un jeune bouquin Attrapé au collet assouvissait ma faim.
J’errais dedans ce bois y semant ma tristesse Quand j’eusse aimé courir avec mon cœur en liesse. Je tenais compagnie à ma vieille solitude Témoin de mes travers et de mes turpitudes.
Dans la paix des grands chênes je retrouvais mon âme. Ma douleur s’estompait, je retrouvais la flamme Qui anime le regard des hommes décidés. De ceux qui ont soufferts sans gémir sans pleurer.
Je chassais peu à peu toutes les idées noires La nature me rendait une bouffée d’espoir J’allais pouvoir enfin reconquérir ma mie A l’ombre d’un géant je retrouvai la vie.