Au coin d’la rue Vauban et d’la rue d’Armorique Dans le quartier de Recouvrance Un p’tit bistrot bien sympathique. Etait refuge à mes errances.
Bar des Amis,un babyfoot,un vieux flipper et des banquettes Une salle au fond,rouge orangée,lumière discrète. Julien, Christian, accordéon plus deux baguettes Et trois guitares, dans la fumée des cigarettes
On boit du vin, du gros qui tâche, du jus d’la Treille Du vin en litre pas en bouteilles Du qui fait rire jusqu’aux oreilles Qui pèse dix tonnes quand on s’éveille.
On joue, on gratte, on tape des mains Des musiques inventées, une chanson de Ferré. On se prend pour Johnny, Brassens ou Brel ou d’autres Alain On se prend toute la nuit pour nous égosiller
Et déjà c’est demain dans les rues embrumées Je traîne ma vie dans la rue vide de mon quartier La gueule pâteuse d’avoir trop bu et trop chanté La tête éclaboussée de souvenirs trop ressassés.
Comment qu’il s’appelait déjà le parigot, le musicien. Celui qui lampait l’vin dans les chopines à bière ? Celui qu’on a retrouvé mort, comme ça, un beau matin Il n’avait pas vingt ans, mais c’était une lumière
J’ai oublié le nom de ce musicologue On se voyait souvent au coin d’la rue Vauban Et d’la rue d’Armorique. Je finis là mon monologue J’ferme la boîte à souvenirs, j’ferme le ban
Au coin d’la rue Vauban et d’la rue d’Armorique Dans le quartier de Recouvrance Y avait un p’tit bistrot, c’était l’arrière-boutique De vaines espérances et le refuge de mes errances.