Elles cherchent en tâtonnant l’existence du moi-même Dans l’eau qui me soutient, elles nagent lentement. Touchant celle qui me porte qui me dit des je t’aime. Je sens sur tout mon corps ses discrets effleurements
Elles saisissent et caressent le sein qui me nourrit Enserrent fortement le doigt qui me désigne Elles se recroquevillent quant aux anges je souris Et s’agitent à tout vent quand de faim je trépigne
Elles secouent le hochet, agrippent les cheveux Les oreilles ou le nez des visages penchés Sur le petit berceau de mes sourires baveux Elles trempent dans le plat de ma première bouchée
Elles tiennent le crayon, la gomme et le papier Feuillettent le premier livre, essuient les premières larmes Quand elles découvrent un jour d’autres corps à aimer ! Elles se cachent dans les poches pour refuser les armes,
Ou brandissent agressives le calice ou l’épée. Elles accusent, bannissent, et pour l’adieu s’animent Se dérobent, flattent, ou prient vers le ciel dressées. Elles s’expriment, elles construisent, Se frottent et se raniment.
Alors qu’on devient vieux, elles se mettent à trembler. Elles cherchent un autre appui, une canne ou un bras. A petits pas prudents, elles approchent l’être aimé Pour une dernière étreinte, pour un dernier baiser. Nos mains froides et crispées sur nos cœurs déposées, D’autres mains endeuillées les couvriront d’un drap.