Un aigle à tête blanche se prenait pour un dieu Il toisait tout le monde de son air dédaigneux Attaquait les pigeons, les autours et les freux. Pas de discernement, tous oiseaux étaient gueux.
Hormis ceux de sa cour et de son territoire Qui pouvaient à loisir partager son dortoir ! A la condition comme tout bon charognard D’acquitter leur écot en quelques bouts de lard.
Quelques pauvres oiseaux becquetaient quelques miettes Ils n’avaient pas de nid, mendiaient quelques piécettes Mouettes à tête noire ou trop vieilles alouettes Ils mouraient dans les rues comme dans les oubliettes.
L’Aigle à tête blanche s’imagine être un dieu Il toise avec raideur ses ouailles qui gesticulent Dans un monde trop petit pour satisfaire ses vœux. Il se moque de leur vie, les trouve même ridicules.
Il dit dans son orgueil qu’il est la voix de Dieu, Qu’il a comme devoir de tuer ses semblables Qui ne pensent pas comme lui ou qui le trouve haineux ! Qu’il a comme devoir, d’assassiner le Diable.
Un aigle à tête blanche se prenait pour un dieu. Il n’a pas vu venir deux faucons belliqueux Qui à l'aube de l’automne, à l’aire, mirent le feu Il eut d’abord très peur, puis il devint furieux.
Et sans discernement parlant au nom de Dieu Il déclara la guerre, pour des faits fallacieux, Au Berceau du Vivant, se disant vertueux, Pour y vaincre Lucifer qu’on savait vaniteux.
Mais ce sont ses enfants qui reviennent boiteux. Quand ils ne sont pas morts, ils ont perdu leurs yeux. On les dit glorieux alors qu’ils sont honteux D’avoir été dupé par des mensonges odieux.
L’Aigle à tête blanche s’imagine être un dieu Un autre Aigle avant lui a eu cette arrogance Se croyant invincible puisque venant des cieux. Des millions d’êtres humains sont morts dans la souffrance
Et des milliers d’enfants n’ont jamais été vieux. Il a perdu ses ailes, l ’Aigle noir d’antan. Il est parti tout seul, comme un oiseau galeux. Sans espoir, sans adieux, sans en prendre le temps.
Un Aigle à tête blanche se prend pour le Bon Dieu.