Amère mélancolie de l’eau de la rivière, Qui s’étend dans un lit qu’elle ne reconnaît plus ! Ses rives ne sont que pierres et n’ont plus de talus. Elle court, droite comme les ponts qui l’enjambaient naguère Vers le fleuve insatiable qui la draine à la mer.
Amère mélancolie de l’eau de la rivière. Elle a perdu les saules qui pleuraient sur ses côtes. Les chemins de halages où œuvraient lavandières Et jouaient les enfants, maladroits dans leurs bottes.
Amère mélancolie de l’eau de la rivière Qui ne voit plus jamais les robes de la meunière ! Ou le patient pécheur, rêveur sous sa visière.
Amère mélancolie de l’eau de la rivière, Qui ne peut même plus engendrer les frayères !