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Patrick MECUCCI
Troquets
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Patrick MECUCCI
Troquets
Un coude, au zinc, enraciné
Et la tête dans les étoiles,
Loin du fracas des matinées,
Et des nécessités brutales,
En ai-je flambé des soirées,
Au bar du coin, devant ma bière.
Voyageant de Chine au Pirée,
Par des raccourcis d’avant-guerre.
Mes vieux troquets de coin de rue,
Vieux havres de vieille habitude,
Où donc êtes-vous encourus,
Me confiant à la solitude ?
Quais zingués d’où nos paquebots
S’en allaient, franchissant la barre
Des tristes aigreurs des nabots
Pour cingler jusqu’aux Malabars.
Sacrées rampes de lancement
D’où nos idées fusaient, superbes !
Convoquant, au feu du moment,
Nos souvenirs d’années en herbe.
Où sont allés mes vieux amis,
Mes compagnons devant l’ivresse ?
Ceux qui savaient, dedans leur lit,
La baiser comme une maîtresse.
Ceux qui savaient la soulever
D’une onde de plaisir-lumière ;
Les neurones émoustillés,
Claquant comme une jarretière.
Mais aux sinistres calotins
Ont succédé les blouses blanches ;
Les apôtres du vivre sain,
Aux petits saints des beaux dimanches.
Notre jeunesse nous a vus
Joyeux ivrognes forts en gueule,
La santé publique nous mue
En malades honteux et veules.
Cette époque sans horizon
Pour le rêve ou pour la révolte,
Nous voue, vains et vides, aux prisons
Sans vin, sans vie et sans récolte.
Que nous jouissions à s’enivrer !
À rompre le pain dérisoire
D’amitiés qui ne sonnaient vrai
Que tant qu’il nous restait à boire.
Pauvre amitié, me direz-vous,
Que l’amitié du fond du verre.
Au moins n’étions-nous à genoux.
J’en veux pour témoins mes faux-frères.