Je me suis éveillé bourgeon vert et tendre, Sur la haute branche d'un hêtre fatigué. Je me suis transformé en feuille inspirée, Ainsi de m'accrocher sans une filandre.
Certains m'avaient prédit, ailleurs de me pendre! J'ai omis d'aiguiser toute espérance. Au vent des illusions, las! je me balance. J'aimerais m'envoler, je voudrais descendre.
Je rêve de plumes au mois de septembre, Je rêve d'être "oiseau", de feuilles volantes. La cime décime toutes prétendantes A cette voltige, tuant tous ses membres.
La sève d'octobre soudain m'abandonne, Mon visage hâve prend la couleur jaune, Tels ces félins perdus, que l'homme détrône, Le frimas confisque ma belle couronne.
Je me suis réveillée chutant vers mon trépas, Le sol me réclame, voilà qu'il m'aspire, Sur le trottoir mouillé, d'un coup, je m'étire, écrasée par le sort, piétinée par les pas.
Je me suis éveillée, en plume d'oie blanche, Je vous écris ces mots, issus d'un long hiver, J'écris sur la feuille tous mes éclats de vers, Je suis une plume, je tiens ma revanche.