Tu descends l'escalier, moulée dans un drap d'or. Un esclave à tes pieds parsème de lotus Le chemin parfumé sur lequel je m'endors A l'ombre des figuiers et des eucalyptus.
Je te vois dans un songe, éblouissante et reine, Chaque nuit dominer de puissants édifices : Les tombeaux de Khéops, Mikérinos, Képhren. Je te vois près d'Athon ou près d'Aménophis.
Je rêve que ta main se pose dans la mienne. Suis-je le Pharaon ou l'esclave anobli ? Tu ne t'en soucies plus car tu deviens païenne Et moi je suis l'amant qui t'apporte l'oubli.
Je regarde s'ouvrir tes cuisses généreuses, Le charbon de tes yeux craquer de mille étoiles Et ton ventre rouler comme ceux des danseuses Qui le soir au palais font osciller leurs voiles.
Ton corps se fait ardent comme un soleil qui mord Et commence à brûler mon torse découvert, Jusqu'à l'instant suprême où te serrant plus fort, Je me sens plonger nu dans l'oasis ouvert.
Pour chaque lendemain lorsque je te revois, Les sens encore empreints d'une intime moiteur, Pardonne à mon regard de briller quelquefois D'un écho nostalgique ou interrogateur.