Le festin est servi! La peuplade indigne mérite la potence Et les inquisiteurs et les bourreaux verront les têtes rouler Jusque à leurs pieds de malsains procureurs de la souffrance Et les inquisiteurs et les bourreaux verront les corps crouler, Le flot du sang vermeille qui ruisselle entre leurs pieds, L’odeur de la mort exhaler dans l’instant d’un départ, L’inéluctable équilibre qui maintient le mal au bien lié, Le bourreau et le condamné, la proie et le traquenard
N’est-il plus instable que la composition du néant Si elle ne se définit que par l’absence de matière? N’est-il plus pur que le dernier souffle d’un mourrant Si ce n’est que jamais plus il n’envenimera l’air?
C’est donc le vide qui envahit vos cœurs de spasmes Et la mort qui nourrit vos esprits de phantasmes…
C’est pourquoi je porte une considération à vos aspirations Car rien ne justifie la pitié à l’intérieur de mon dominion
La chair des victimes, par la voracité des tortionnaires, Devient le banquet des rapaces et des humains carnassiers Les anthropophages dans une alvéole fragmentaire Se nourrissent à même les cadavres pour s'en rassasier
C’est ainsi dans cette région de l’enfer où vous vivez Où chacun se sustente à même la faiblesse d’autrui Sans pour autant se satisfaire de la médiocrité Vous préférez la saveur singulière de ceux déjà meurtris…
Près du concile des impurs, le cénacle des hérésiaques Dont les diaboliques divinités ont inspirés les conquêtes, J’entends le propos de païens guerriers qui débarquent De leurs frêles esquifs avec d’horribles images en tête
Des traumatismes qui infectent la psyché intime Des images atroces qui obsèdent la pensée mortelle Des frayeurs indéfinissables, des maux qui déciment Voilà les armes avec lesquels je vous morcelle
Sachez bien que les divers guérisseurs de l’esprit Souffrent eux-mêmes de mes tourments Alors pourquoi croire qu’une éthique de vie Peut unir des milliers de démons déments?
Sachez que vous deviendrez tous les persécuteurs Après avoir subit les fougues de vos inquisiteurs Car c’est le mal et la souffrance qui font naître la haine Et c’est la haine qui nourrit vos intentions inhumaines
Sur le vaisseau de la providence mortelle Déjà les mats se sont affaissés… Déjà les voiles se sont déchirées… Déjà la cale s’est gorgée de flots empoisonnés… Mais personne ne quitte ce navire en péril Chacun y voit là enfin son dernier exil…