Si la tourmente m'entoure et est triomphante Dans mon ossuaire esprit qui ne craint plus rien Et que la mort muette éveille un art qui chante, C'est que la vie en moi dissipe alors ses liens
Je sens l'enfer gronder et les pré-cieux qui saignent Je vois la nuit hurler quand une aube se tait Sous le vaste portail où les cerbères règnent Par le mortel temps où les anges se battaient
Quand l'ombre s'épouvante à la vue de l'aurore Et que le chant malsain des oiseaux matiniers Mortifie le sommeil que mes rêves dévorent Je sais que veille en moi un servile limier
Il est là, je le sais, j’entends son rire encore Persiflant mais surtout, insolent meurtrier, Il incendie mon âme au tréfonds de mon corps Il s'esclaffe en vain. Je saurai m'en délier...
Je place l'organe qui conserve son mal Sur le plateau jumeau de la pesée primale D'un côté s'élève mon dégoût misogyne De l'autre s'alourdit le poids de mes origines :
Dans l'acerbe océan, le néant fourmilier, Dansent les os céans des cerbères piliers Le moribond médial démon se lie aux femmes Dans la mort par milliers quand le monde s'enflamme
Ce funeste battoir qui a brisé ses mailles Terre des humiliés, patrie de toutes failles Berceau de la honte et des âmes éraillées De la masse néfaste du terroir émaillé
Je le pose sur des larmes qu'un cou tordu Ne pourrait plus porter dans l'ancien lendemain Il repose sur les lames d'un couteau nu Alors que je tiens les étapes dans mes mains:
Son dantesque regard éteint lueurs et foires Dans les cerveaux béants, dans les séants limiers Sa tête est hérissée de mille pointes noires L'histrion diadème qui vous est familier
Méduse sanguinaire ou loyale traîtresse Tu es la loi fatale et le deuil des idéaux Gorgone serpentine, la traîtrise maîtresse, Mère de tous les espoirs, de tous les fléaux