Le mort rit encore dans son beau lit de planche "J'ai vaincu!" pense-t-il, frottant ses deux mains blanches "Mon oeuvre fût revêche et j'en suis glorieux Nul ne pourra souiller ce qu'abhorrent les pieux"
Et il pense à ces nuits où il menait les foules Lorsqu'il aimait cracher ce que l'homme refoule Comme un venin, hurlant sur incultes et grands: "Voyez le gouffre où vous mourrez, mourants"
Jeunes chairs ingénues se mirant dans ses yeux Ils croyaient que ses airs allaient les ravir mieux De sa voix au centre des six divinités Hadès vociférait son goût d'éternité
Il lui vient en mémoire tant d'autres images Fidèles scandant en choeur le nom ténébreux Leurs âmes broyées à chaque rauque ramage, Leurs visages disgraciés de païens ombreux
Le mort rie encore dans son lit souterrain Même si ne bat plus en lui son coeur d'airain L'humanité souffre au-dessus de son tombeau Et lui chante avec un cortège de corbeaux...