Ce courant tissé d'une violence terrassante Fut l'image d'une ère extrême et insurgée Le mal même dans ses entrailles fut purgé Et maints airs noirs bordèrent nos nuits incessantes
Au temps où nos longues crinières caressantes Déferlaient telles des vagues sur un brisant Éparses, sur nos mantes en lambeaux frisants Les braises de la mort brûlaient incandescentes
Les airs déformés par une tension profane Qui démonétisaient tout lied déjà illustre Dans l'ardeur si intense des cordes sans lustres N'éprouvaient nul désir d'archet ou colophane
Certains sons étaient lents, lourds, d'ordre lacrymal D'autres émanaient de fureur et de noirceur Mais chaque fois brillait la lune du soir, soeur Impure, dûment vouée à l'amour du mal
De sinistres cris âcres, de terreur gorgés Exaltaient nos coeurs d'ire ou de larmes blessantes Puis les rythmes d'une cadence harassante Filaient nos nuits jusqu'aux cajoleries de l'or geai
De lysergiques chatteries nuées d'extase Déposaient en nos esprits leur exquise essence Nous indemnisant de cette déliquescence Propres à ceux qui sur l'abus ont promus l'emphase
C'est dans une myriade de scélératesses Qu'une brève délectation nous sustentait Malgré l'inquiétante geôle qui nous hantait L'ivresse octroyait ses blondes délicatesses
Nous étions naguère trois rois noctambules Des crânes cinéraires hurlant de conscience Ainsi que des vampires pourvus d'opalescence Nûment, nous volions de pairs dans diverses bulles
Dans le manoir de l'infâme concupiscence Est demeurées close, dévorant nos pensées Celle qui d'hérésie notre vide a pansé; La Nocturne... étanche à tout âpre sénescence