Que les écueils qui m’ont cueilli Portent ma voix par les vents houleux Jusqu’au devant du vaisseau vieilli Dans lequel vos échos sont devenus feu
Permettez aux tempêtes ses intempéries Et aux sirènes de chanter leur vœux Chacune de vos galères m’a instruit Mais aucune de mes nuits ne me brisera, honteux
Je ne serai jamais plus esclave du vide Quand les tourments se proclament ma vie Je laisse aux écumes mes élans perfides Et aux brumes la constance de mon esprit
Je suis un égaré dans une mer de vice Un homme qu’on a abandonné sans vivre Et je sais l’unicité de mon âme complice Quand seul le soleil et l’eau me délivre
Je recherche les marins des jours assidus Après avoir vécu la pire des enclaves du temps Nous furent témoins dans cette nuit perdue De la première ébauche du nouveau printemps
Les vents se sont querellés avec les eaux Pendant que naissaient des liens nouveaux Sifflant sans cadence et chantant sans refrain Nous assumèrent donc les caprices du matin
Sans deviner l’aube derrière la nuit Nos songes ne retenaient plus leurs fils Là où se croisent les égaux de toute une vie Ce n’est jamais plus qu’un théâtre hostile Car, composer les frasques d’un avenir affranchi Exige de suspendre nos remords dépecés De planter les grilles hautaines du passé Pour incendier ce qui reste sous les débris
Saurons-nous un jour quand viendra l’intermède Qui illuminera mon visage de ce soleil que je plaide?
Nous, corsaires, marins sur le navire hanté Celui là même que nous avons appareillé Vers le port céleste, oubliant les phares grillés Nous regardons vers l’avant et continuons d’avancer
Flibustiers, venez récolter vos devises Vos trésors cachés dans des zones grises Aujourd’hui est le jour si bienvenue Qui accueille le capitaine dans une nouvelle avenue
Entre deux bateaux déjà souillés par la mort Le commandant abandonne dans sa cale tout remord Il est maintenant prêt à toucher la terre ferme Et à fermer le coffre de ses trésors à terme