Torrent des oublis longeant les Champs-Élysées Où s'épanchent des eaux bondées d'ailes brisées Fait de la soif l'art d'assainir les immortels Inondés de résurgences qui les harcèlent
Quand leur destinée maléfique s'est fanée, Sur une terre empoisonnée, agonisante, Les âmes mortelles cessent de profaner La terre qui déjà un jour fût florissante
Mêmes abîmées, elles boivent l'eau du fleuve Laissant leur futur seul et leur passé pour veuve
En s'abreuvant à la source pour mieux renaître Sans s'accabler du fardeau de tous leurs remords Ces esprits déserts dans l'amnésie s'enchevêtrent Dévorant les hiers qui les libèrent des morts
Que cette lumière que méprise le doute, Que ce bouquet de clarté sombre dans le puit Où le passé se noie, où la mémoire fuit… Et que personne jamais n'y puise une goutte
Et alors qu'ils s'incarnent à nouveau, mortels Dans une chair plus vulnérable que la soie Ils sont douleur devant ces yeux qui les martèlent Naissant encore pour mourir une autre fois
Sous des visages de démons bestiaux et noirs Est ainsi que sera leur vie au purgatoire Sur la terre dont la catharsis symbolique Est un tombeau d'où la vie purge tout éthique